Le 1er retour des familles réunies - 1999 - Les innocents de Vingré - Un témoin de la scène d'exécution, B. Fournier -
Le 1er retour des familles réunies - 1999
Le 1er RETOUR DES FAMILLES REUNIES les 17 et 18 avril 1999
Le 4 décembre 1997, Mme Guillalot (belle-fille de Jean Blanchard)
frappe à la porte du bureau de Confrécourt.
Ils sont 4. Son mari, Monsieur et Madame Bouiller, responsable du musée d’Ambierle.
«Je suis la descendante de Jean Blanchard».
Nous tombons dans les bras l’un de l’autre. Nous étions bouleversés,
raconte Jean-Luc Pamart, comme si c'était hier,
lors de la réalisation de cet article en février 2016.
Le 4 décembre 1997... dans une fusion avec le 4 décembre 1914.
Il poursuit son récit.
D’un seul coup, j’avais un lien avec les familles. Les descendants Floch, sont retrouvés! Monsieur Bouiller retrouve les 4 autres familles.
D’un seul coup les 6 visages apparaissent.
D'un seul coup, les 6 lettres apparaissent.
Dès lors la cérémonie avec toutes les familles réunies a été imaginée et organisée, ainsi que l’aménagement du village pour honorer la mémoire des fusillés:
les 17 et 18 avril 1999, pour la première fois les 6 familles sont ensemble à Vingré.
Elles reviendront en 2004 pour la pose de la plaque du département de l’Aisne.
Elles reviendront en 2014 pour le Centenaire et la pose d'une plaque
de l'association Soissonnais 14-18.
Lettre de remerciements de Mme Guillalot postée le 2 août 1999:
Cher monsieur Pamart,
Comme le temps passe vite 17 et 18 avril, journées émouvantes, comment vous remercier vous et votre équipe, il n’y a pas de mots.
Bouleversé, nous l’étions tous, le travail de nettoyage, rénovation et aussi préparation de notre venue vous a pris du temps et du souci.
Merci pour votre ardeur à l’hommage des fusillés de Vingré. Je voudrais aussi remercier toutes les autorités civiles et militaires, ils nous ont témoigné présence et réconfort.
Nos martyrs ne sont pas oubliés que les habitants de Vingré et sa région soient remerciés de leur accueil, nous ne l’oublierons pas.
Quelques photos suivent cette lettre avec l’abonnement et livre pour ne pas perdre de vue le Soissonnais. J’ai eu monsieur Jean Xavier Delestre au téléphone, nous avons parlementé longuement et par vous l’histoire continue, nous allons nous recontacter en septembre, il voudrait peut-être venir à Ambierle et voir ce qu’il pourrait faire pour une émission sur FR3 : « Les dossiers de l’histoire de Bertrand Tavernier » ; mais vous êtes au courant
Cher Monsieur, acceptez de la part de mon mari et moi-même notre reconnaissance.
Mes amitiés à votre épouse, j’ai été très heureuse de parler avec elle lors de nos visites.
Ici une vidéo de 10 mn enfin transférée de nos archives VHS en numérique...
Lisez la presse unanime en 1999
FUSILLES POUR L’EXEMPLE
Nouvron-Vingré, le 20 avril 1999, dans L'Aisne-Nouvelle
Il y a 84 ans, six soldats tombaient sous les balles de leurs camarades
Samedi à Nouvron-Vingré pour la première fois, les familles des six martyrs fusillés pour l’exemple se sont-elles retrouvées unies sur les lieux-même du drame qui a eu lieu il y a 84 ans.
Il y a 84 ans, six soldats tombaient sous les balles de leurs camarades
Les familles réunies dans l’émotion
L’Histoire est le ferment qui scelle nos souvenirs dans notre mémoire ; elle est aussi le ferment de notre réflexion sur notre présent et notre avenir. Ainsi, samedi à Nouvron-Vingré pour la première fois, les familles des six martyrs fusillés pour l’exemple se sont-elles retrouvées unies sur les lieux-même du drame qui a eu lieu il y a 84 ans. À l’initiative de l’association « Soissonnais 14-18 » et de la municipalité de Nouvron-Vingré, les proches et petits-enfants des six fusillés, venus d’Alsace et de Loire, ont pu découvrir, avec une intense émotion, toute l’horreur qu’on vécue le caporal Floch, les soldats Quinault, Blanchart, Durantet, Pettelet et Gay.
Pourtant, ces braves du 298e RI, originaires du Roannais, du Bourbonnais et de Normandie, avaient prouvé leur patriotisme. Ils avaient combattu avec courage pour repousser l’ennemi. Hélas, au soir du 27 novembre 1914, leur escouade dut se replier momentanément sous un assaut de l’ennemi et sur ordre de leur commandement. L’état-major n’accepta pas ce qu’il considéra aveuglément comme une lâcheté. Le conseil de guerre condamna à mort 24 soldats pour finalement n’en fusiller que six pour l’exemple ! après tirage au sort. Les six braves martyrs tombèrent sous les balles de leurs propres frères de combat au matin du 4 décembre et le régiment dut défiler devant leurs cadavres. Après la guerre, les familles et amis durent se battre pour obtenir l’annulation du jugement de cette cour martiale le 18 février 1921 et la réhabilitation des six fusillés. Et une stèle fut inaugurée en leur mémoire le 5 avril 1925 à Vingré.
Samedi après-midi, les quelques cinquante membres des familles et amis ont pu visiter les carrières de Confrécourt et le village de Vingré où ont combattu les six fusillés. Mais ils ont surtout découvert que ce village n’avait pas oublié le drame ; que ces plaques, portant le nom de chaque fusillé, rappelaient à jamais leur martyre. Ils ont aussi connu un intense moment d’émotion en descendant dans la petite cave où les six condamnés passèrent leur dernière nuit en écrivant une ultime lettre à celles et ceux qu’ils allaient quitter.
Émotion poignante encore lors de la cérémonie qui suivit devant la stèle ! Après que Jean-Luc Pamart, président de « Soissonnais 14-18 » et Michel Wargnier eurent rappelé les conditions tragiques dans lesquelles se déroula l’exécution, deux de ces lettres, écrites par les condamnés, furent lues. Et bien des personnes ne purent retenir leurs larmes en pensant au calvaire de ces malheureux innocents mais aussi à celui vécu par leurs familles qui durent ensuite affronter la haine de leurs voisins parce que le père, le fils ou le frère était considéré comme un lâche.
Après avoir rendu hommage aux six fusillés pour l’exemple de Vingré, Raymond Guehenneux, conseiller général et Jacques Desallangre, député, ont puisé dans cet exemple d’injustice et d’horreur « le dégoût qu’il faut avoir pour la guerre » et ont lancé « un appel à la paix ». Une paix que connaissent les six fusillés qui, comme Jean Blanchart et Francisque Durantet, dorment côte à côte dans le petit cimetière d’Ambierle, leur village natal près de Roanne.
Fusillés pour l’exemple à Vingré :
les familles des six martyrs enfin réunies le 18 avril 1999
L’Union, 20/04/1999
Dans le Soissonnais, émotion intense, samedi après-midi dans le hameau de Vingré (commune de Nouvron-Vingré) où une cérémonie du souvenir honorait la mémoire de six soldats du 298e régiment d’infanterie fusillés pour l’exemple le 4 décembre 1914.
C’était la première fois en effet, depuis 84 ans, que les familles de ces martyrs se trouvaient réunies sur les lieux d’un des drames de la Première Guerre mondiale. Lors de l’inauguration de la stèle commémorative, le 5 avril 1925, toutes n’avaient pu être présentes dans le petit village où leurs parents étaient tombés sous les balles de leurs propres camarades.
Ils avaient été injustement accusés de lâcheté devant l’ennemi pour avoir reculé
sur ordre de leur officier, lors d’un assaut. Vingt-quatre hommes de la 19e compagnie du 298e RI furent condamnés à mort par le conseil de guerre. Et comme il fallait montrer aux combattants qu’ils devaient obéir aveuglément , leur redonner du courage, faire un exemple, le commandement fit fusiller six soldats tirés au sort parmi les condamnés, au petit matin du 4 décembre 14, devant des centaines d’hommes du régiment obligés ensuite de défiler devant les six corps.
Beaucoup de ceux-ci furent révoltés et se jurèrent de réagir lorsque la guerre serait finie. Grâce au combat, mené par les familles et des associations, les six martyrs furent réhabilités en 1921 et un monument érigé sur les lieux mêmes de la tragédie.
La venue à Vingré d’une cinquantaine de parents et amis des familles fut cette fois un véritable pèlerinage.
Nouvron-Vingré : les familles des six fusillés réhabilitées
A Nouvron-Vingré, une cérémonie du souvenir s’est déroulée le 18 avril1999 au hameau de Vingré où six soldats du 298e RI furent fusillés pour l’exemple le 4 décembre 1914
L'Union, 20 avril 1999
Pour la première fois depuis quatre-vingt-quatre ans, les familles des six martyrs se retrouvaient ensemble sur les lieux du drame. Les descendants et notamment plusieurs petits-enfants de six fusillés ainsi que plusieurs amis venus d’Alsace et du Centre de la France, ont tout d’abord pu se rencontrer et partager leurs souvenirs. Mais ils ont, surtout, découvert que le village où leurs parents ont été injustement tués, par les balles de leurs propres camarades continue à honorer leur mémoire. Mais comment pourrait-on oublier ?
Imaginons que ces braves combattants qui ont repoussé l’ennemi aux premières heures de la guerre, qui l’ont obligé à reculer au prix de durs combats et de nombreuses pertes. Ces braves du 298e méritaient tous les honneurs. Ils étaient d’une grande loyauté envers leurs chefs, envers leur patrie qu’ils étaient venus défendre en laissant leur femme, leurs enfants au loin dans leur Normandie natale, leur Roannais ou leur Bourbonnais. Et tout à coup, leurs chefs, pour masquer leurs erreurs tactiques ou leurs mépris de la vie humaine, les ont trahis. Accusés injustement de lâcheté devant l’ennemi parce que, pourtant sur ordre de leur officier, ils avaient reculé lors d’un assaut, pour mieux reprendre ensuite le contrôle de la zone, vingt-quatre homme de la 19e compagnie du 298e RI furent condamnés à mort par le conseil de guerre. Il fallait faire un exemple. Finalement, le commandant décide de tirer au sort six hommes, parmi les condamnés et les fit fusiller au petit matin du 4 décembre.
Assassinés en martyrs
Le caporal Henri Floch, les soldats Jean Blanchard, Francisque Durantet, Pierre Gay, Claude Pettelet et Jean Quinault, furent assassinés par soixante-douze fusils français devant des centaines d’hommes du régiment. Beaucoup de ceux-ci furent révoltés. Grâce au combat mené par les familles et des associations, les six martyrs furent réhabilités en 1921 et un monument fut érigé et inauguré sur les lieux-même du drame le 5 avril 1925.
Il y a deux ans, à l’occasion de la visite de la nièce du caporal Floch, les habitants de notre région avaient découvert un autre aspect de ce drame des fusillés pour l’exemple de Vingré : celui du calvaire subi par les épouses, les parents et enfants des martyrs dans leurs propres villages. Tous étaient considérés comme étant de la famille d’un lâche, d’un traître à la patrie. Tous étaient livrés à la vindicte publique.
Emotion
Mais, samedi après-midi, ces familles ont été, elles aussi réhabilitées par toutes les personnes qui les ont accueillies. En quelques semaines, autour de l’association « Soissonnais 14-18 », présidée par Jean-Luc Pamart, tout le village de Nouvron-Vingré s’est mobilisé par cette visite et cette cérémonie. Une cinquantaine de parents et amis des familles ont, tout d’abord, visité les carrières de Confrécourt, admiré le Lion de Belfort, avant de découvrir les différents lieux des combats de décembre 14. Puis, tous ont parcouru en un véritable pèlerinage le hameau de Vingré, pour s’arrêter devant chaque plaque apposée sur les maisons portant le nom d’un martyr. Moments de grande émotion, mais pas aussi intense que lorsqu’on descendit dans la minuscule cave où les six condamnés passèrent leur dernière nuit, où ils écrivirent leurs dernière lettre à l’être cher qu’ils aimaient et qu’ils allaient devoir quitter, à cette épouse, à laquelle ils demandaient pardon de la laisser dans la peine, tout en se déclarant innocent, à cette épouse à laquelle ils demandaient parfois de refaire sa vie pour être heureux
Et c’est dans un silence religieux que deux de ces lettres furent lues devant la stèle lors de la cérémonie qui suivit.
Hommage aux martyrs
Cérémonie au monument des fusillés
L'Union, 12 décembre 1999
Après l’émouvante cérémonie du 11 novembre dernier au monument des fusillés de la commune de Vingré, un nouvel hommage vient d’être rendu aux six martyres qui furent fusillés pour l’exemple le 4 décembre 1914.
Cette fois-ci, ce sont les officiers de réserve de la région de Compiègne qui sont venus s’incliner devant le monument à l’occasion de leur assemblée générale.
Samedi soir, après avoir visité les carrières de Confrécourt, les officiers emmenés par leur président, le colonel d’Evry se sont rassemblés devant la stèle à la lueur des torches et en présence du colonel Rousselet, chef de l’état-major de l’école d’État-Major de Compiègne et du lieutenant-colonel Tavernier, chef de corps du 2e Dragons de Couvron.
On notait également la présence de Monsieur Guehenneux, conseiller général et maire de Vic-sur-Aisne, de Monsieur Wargnier, maire de Nouvron-Vingré, et surtout des membres de la famille du caporal Floch, l’un des fusillés.
Madame Barthélémy et ses proches étaient venus spécialement d’Alsace pour honorer de leur présence cette cérémonie.
Après un bref historique des évènements, le colonel d’Evry lut la lettre que le caporal Floch écrivit à sa femme avant de mourir innocent.
Et après que des gerbes eurent été déposées, le colonel d’Evry fit l’appel des « Morts pour la France », véritable hommage d’officiers à ces six soldats qui payèrent injustement de leur vie une tragique erreur de l’état-major de l’époque.
Merci M. et Mme Gabriel Guillalot, M. et Mme Pettelet, M. et Mme Durantet Abel, M. et Mme David, M. et Mme Renée Debord, Mme Claudette Lempereur-Durantet, Mme Laffargue Geneviève, Mme Noël Lempereur, Mme Marthe Ratinier, M. et Mme Hadjadj, revenus en décembre 2014..
Les innocents de Vingré, chanson de 1921 et la chanson Lucie Floch
LES INNOCENTS DE VINGRE - CHANSON ANONYME DE 1921
Sur l'air de Mère et Maman grâce aux talentueux artistes Clélia Bressat-Blum & Rémo Gary
Nous avons l'immense plaisir de partager avec vous le cadeau offert par nos amis à l'occasion des 30 ans de notre association. Nous avions pu l'écouter en avant-première début novembre 2016. Merci à eux:
Paroles : anonyme
Musique : E. Gavel sur l'air de Mère et Maman
Musicienne : Clélia Bressat-Blum, enregistrement de la musique et arrangement.
Enregistrement de la voix et mixage : Luc Échampard
Interprète : Rémo Gary
Date : novembre 2016
Intercesseur : Claire de Villaret
C'était six gars contents de vivre
Qu'avaient du prendre le flingot
Pour que la France puisse vivre
Ils firent la chasse aux Corbeaux
Mais dans la tranchée
Pas trop exposée
Un ordre leur vint : Ne restez pas là !
Et sans plus rien dire
Vite ils obéirent
Car les petits gars étaient de bons soldats
Mais l'ordre donné fut désapprouvé
Et d'abandon d'poste ils furent accusés
Au front : Justice est bientôt faite
Le Conseil de Guerre est constitué
La trahison semble parfaite
Et la sentence est : Fusillés !
Personn' ne veut croire
A leur triste histoire
De l'ordre donné, trace on trouverait
Peur ou négligence
C'est trahir la France
Et tous au poteau, on les emmenait
Leurs femm's et leurs goss's n'osaient les pleurer
Rougissant d'porter un nom si taré !
Soudain un grand coup de théâtre
Les fusillés sont innocents
Et dans un grand amphithéâtre
On le proclame solennell'ment
Et les pauvres veuves
En rob's noires neuves
Écoutent ces mots "Au nom de la nation !
Que justice se fasse
Que la tach' s'efface
C'est le jour de la réhabilitation"
Puis on leur vota une somme d'argent
Mais c'la n'efface pas la tache de sang
Refrain:
Quelle sinistre erreur, quelle chose atroce
D'avoir fusillé ainsi ces pauvr's gars
Faut-il que vraiment les homm's soient féroces
Pour que l'idée d'mort ne les arrêt' pas !
Il est bien assez de peines sévères
Vous pouviez choisir parmi ell's, pourtant
Mais, par crainte d'une erreur judiciaire
Vous ne deviez pas fair' verser leur sang !
communiqué par Bruno Blanche, Histoire de France en chansons
Ma p'tite Lucie
CHANSON de 2017
Alain Paolantonacci a écrit en août 2017 ce texte, touché par l'histoire de ces six fusillés, par "l'horreur indicible" que lui inspire la guerre, par cette "lettre à Lucie Floch" qui l'a "bouleversé, non seulement par l'inhumaine injustice que relate très sobrement Henri mais aussi, justement, par sa sobriété et sa dignité". Les paroles et l'enregistrement nous ont été offerts en janvier 2019.
Ma p’tite Lucie, ma chère Lucie
Ainsi commençait son récit
Dans sa toute dernière lettre
Un peu avant de disparaître.
Caporal de la grande guerre
Henri Floch ne s’attendait guère,
Rescapé de tant de fournaises,
A tomber sous des balles françaises.
L’attaque ennemie, le repli,
L’ordre inavoué, le déni,
Un général, l’obéissance,
La cour martiale et la sentence
Ils ont voulu quelques exemples,
Des malheureux que l’on contemple...
Pour la terreur, les fusiller
Sous l’œil sec des autorités.
Les mots d’Henri pleins de chagrin
La veille de son dernier matin,
La dignité entre les lignes
Et sa noblesse quand il signe
En s’inquiétant de l’embarras
Où Lucie se retrouvera
Après le forfait de nos armes
Sur lui et ses cinq frères d’armes.
On les dits «martyrs de Vingré »
Lieu où on a cru les juger
Ils pouvaient mourir pour la France
Mais ils seraient morts par la France
Si l’on allait seulement penser
Que des brutes pouvaient l’incarner.
Car les plus dignes de ses enfants
N’auraient jamais versé leur sang.
La honte, le dégoût, la colère
Qui montent, que peut-on en faire ?
Avec un siècle de retard
Peut-on encore parler d’espoir ?
L’Europe ne s’est plus déchirée,
Les fauves tournent, désarmés.
L’amitié, seule, peut les faire taire
Pour enfin pacifier la Terre.
Ma p’tite Lucie, ma chère Lucie
Il demandait pardon aussi.
Mais c’est nous qui voudrions le faire,
Vivants qui nous sentons ses frères
S’il y avait un fil invisible
Nous reliant, rendant possible
L’essor de la fraternité
Dans un monde enfin enchanté.
REACTION :
par Alain_Pao le 06/02/2019 @ 22:39
Avec toute mon estime pour votre engagement.
par jacques_72 le 20/11/2018 @ 18:28
Encore plus émouvant d'entendre cette chanson que de lire le récit de ce terrible drame de Vingré.
par Alain_PAOLANTONACCI le 19/11/2018 @ 23:19
En 2017, j'ai été sollicité pour concevoir et donner un concert sur les thèmes de la paix et de la fraternité pour commémorer l'armistice de 1918 à Castelneau-Valence, dans le Gard.
Ce fut l'occasion de réaliser un vieux projet: écrire une chanson en hommage à Henri Floch dont j'avais lu la dernière lettre à son épouse Lucie en 1998. Pendant ce concert où il était question de commémorer le 11 novembre "autrement", j'ai donc pu chanter "Ma p'tite Lucie" après avoir lu la lettre d'Henri.
Mais j'avais aussi l'espoir de faire entendre cette chanson aux descendants d'Henri et Lucie Floch. Pour cela, j'ai contacté votre association dont m'avait parlé Rémo Gary.
Alain PAO
par Claire le 22/01/2016 @ 20:53
Bravo. Quel travail remarquable. Attendons la version sonore maintenant.
par Claire1944 le 25/11/2015 @ 07:27
Peux-t-on connaître l'auteur ? Et en quelle année ? Bravo Isabelle pour cette mise en ligne. Il faut déchiffrer la partition maintenant.
Un témoin de la scène d'exécution, B. Fournier
Retrouvez les écrits originaux au format PDF ICI
Un témoin de la scène d'exécution du 4 décembre 1914,
Benoît Fournier, 298e RI, commente
"tous comme de concert tournent la tête de l'autre côté"
Quelques pages du journal intime de Benoît Fournier, soldat du 298e RI, chargé du ravitaillement, qui assiste à l'exécution des soldats de Vingré le 4 décembre 1914 et nous la relate avec amertume dans un carnet redécouvert par Denis Rolland.
Nous avons laissé dans la transcription l'orthographe originelle.
septembre 1914
8 et 9
A la pointe du jour l’on voit des lits, des armoires, du linge trainent pelle melle, dehors dans le plus grand désordres. Quelques femmes agées sortent des ruines, n’ayant pas encore abandonner leurs maisons plusieurs péniches sont englouties dans l’Aisne et on en voit que quelques bouts qui émerge sur l’eau. On fait le café, le capitaine nous rassemble avant de nous quitter pour prendre le commandement de la 17ème compagnie en formation. Un gradé de chaque compagnie viens chercher les hommes qui lui reviennent, sauf la 17 et 21 qui avaient été suprimées pour renforcer les autres compagnie et sont reformer avec un détachement du 98ème territorial. Je suis désigné pour la 22ème cie le sous lieutenant Diot qui vient d’être nommé prend le groupe de sa compagnie et nous conduit à une centaine de mètres dans de petits bois broussaille, ou l’on voit quelques hommes à travers les branches, quelques un ont les écussons du 298 et d’autres du 228 dont un détachement viens d’arriver d’Evreux il y a deux jours en renfort.
Comme officier il y a le capitaine Livel nouveau venu depuis une dizaine de jours qui commande le Bataillon. Le capitaine Guignot le seul qui reste commande le régiment et passe commandant à la 22e le lieutenant Alex commande avec Diot sous-lieutenant.
Comme sous officier l’adjudant Bocotare, les sergent Niguot, Micolier, Delorme, Deuesse, Michalot, le fourier Ligier
octobre 1914
14 et 15
Pendant ce temps l’ordre viens de mettre sac au dos, et en route pour une attaque, on renverse la soupe et on part sac au dos ceux qui avait été chercher de l’eau de vie on juste le temps de vider leurs seaux dans les bidons de quelques uns, on avait bien assayer de porter la viande par sections à tour de rôles, mais on fut obliger de la laisser dans un petit bois près de Confrécourt.
On traverse le plateau à travers les obus et les balles qui siflent sans arrêt enfin l’on approche de Vingré, on se fait quelques trous pour se garantir des balles, mais l’on a une pelle ou pioche pour plusieurs, pour ma part j’ais une grosse hache qui m’avance guère pour me faire une tranchée il me faut attendre que les autres fassent leurs trous, il y à quelques blessés et tués le capitaine Deschelette est blessé mortellement et enterré à Vingré près de la ferme brulée. Dans la nuit on viens nous remplacer, on descend à deux dans de petits bout de tranchée qui nous servent de logement on reste quelques jours au repos en faisant quelques travaux, un nouvau renfort du 100e territorial viens nous rejoindre.
Le 3 nouvell ordre d’attaques le lieutenant Alex qui commande la compagnie nous rassemble avant le départ et nous donne des ordres, on se mets en route, on arrive dans le petit bois ou on avait laissé la viande le 3, avant de sortir sur le plateau le capitaine Livel commandant
novembre 1914
26 et 27
et abritaient moins des obus et des balles.
Souvent le bonhomme était en train de dormir dans son petit abris individuel avec la pluie sur les genoux bien tranquil craque l’abris s’éboule le dormeur se réveille enterrés à moitié, si il se trouvait de faction c’était le sac qui restait à l’abris qui étais enterré dans la terre et la boue et plus d’abris pour se reposer.
Le 12 toute l’escouade va en corvée à l’exeption de Deville, de Jarnasse, qui était indisposé à notre retour il était tué dans la tranchée d’une balle au front.
Un détachement viens en renfort du 101 et 102 territorial des classe 1892 avec quelques uns plus jeunes, avec l’adjudant Delmotte du 98 de Roanne.
En attendant que l’on aille au repos, on leur fait porter des matériaux en ligne et quelqu’uns sont tués ou blessés.
Du 22 au 29 on retourne à Roche au repos ou le dernier renfort nous rejoint, exercice, corvée, douche à la gare de Vic-sur-Aisne et l’on reviens au tranchées à Vingré.
Une section du 5ème bataillon est surprise au moment de la soupe par les allemands qui emmenent quelques prisonniers, les autres se replient et viennent reprendre leurs place comme si il n’y avait rien eu.
Le 3 décembre le lieutenant Diot descend à Vingré pour faire partis du conseil de guerre pour juger les soldats qui ne se sont pas laisser faire prisonnier.
28 et 29
Le conseil condamne le caporal Floch et les cinq soldats Gray, Pettelet, Quinault, Blanchard et Durantet à la peine de mort pour abandont de poste devant l’ennemie.
En vain, le caporal Floch dit que c’est lui le seul coupable que les hommes l’ont suivis. Ils demandent à faire des patrouilles ou corvées très dangereuses rien n’y fait ils sont tous condamnés. On descend à Vingré en réserve le 3 au soir, comme l’on venait de rentrer au cantonnement vers dix ou onze heures du soir. L’on viens désigner un certains nombre d’hommes pour se tenir prêt en armes avant le jour. Comme l’on avait appercu qu’il y avait eu un conseil de guerre dans la soirée et que la compagnie était de service ce jour là on vit aussitôt que c’était pour une exécution, mais on était loin de penser à six.
Personne ne dort bien, avant le jour on viens nous dire de nous préparer tous en armes également ceux qui ont été désignés sont pris à part et vont chercher les condamnés dans la cave qui leurs servait de prison.
Quand à nous on nous emmène dans un petit champ près de Vingré, avec tout le 6ème bataillon qui est de réserve et des détachements de tous les régiments de la 65ème division.
On se forme en carré sur trois faces la 4ème est réservée pour les 6 poteaux d’exécution, ma compagnie étant de service se trouve en face des 6 poteaux derrière les pelotons d’exécution de douze hommes par condamné. Le colonel Pinoteau qui commande le régiment est la pour assister en chef à cette regretable exécution.
décembre 1914
30 et 31
Le colonel Pinoteau qui commande le régiment est la pour assister en chef à cette regretable exécution.
Les condamnés arrive accompagné de l’Aumonier et du peloton d’exécution sous les ordres de l’adjudant Delmotte et vont se placer chacun au poteau qui les attend avec un courage et un sang-froid incroyable et sans honte. Les hommes désignés pour les dégrader et attacher au poteau sont bien plus émus que les condamnés eux-même qui se savent victimes mais innocents, ils s’avance chacun ver un condamné désigné et les enlèvent leurs galons, boutons, un condamné dit à celui qui doit lui arracher ses boutons de capote, tu vas abimer ton couteau avec mes boutons qui sont cousus avec du fil de fer. Ils les attache aux poteaux leur bandent les yeux.
Douze tireurs sont devant chacuns, l’adjudant Delmotte les commande, il lève son sabre les tireurs mettent en joue, il le rabaisse les 72 coups partent comme un seul les six fusillés roulent à terre ou restent suspendus au poteau par les attaches. Un sergent qui a lu leurs condamnations avant l’exécution, leur tire à chacun un coup de revolver dans l’oreille pour le coup de grace, ensuite l’on nous fait défiler devant les six cadavres pantelants mais tous comme de concert tournent la tête de l’autre côté pour ne pas voir ce spectacle affreux.
décembre 1914
32
Beaucoup d’officiers on les larmes aux yeux, tous les meilleurs la plupart des assistant l’adjudant Delmotte viens aussi les yeux plein de larmes malgré que c’est un soldat de métier, le caporal Héraut nouveau venu viens de tirer son premier coup de fusil sur un Français innocent aussi il en à gros sur le cœur pandant huit jours il ne mange rien.
Tous on est complètement désorientés, et dégouter d’avoir vu un spectacle aussi honteux pour des Français.
Les brancardiers emportent les six cadavres dans les fosses qui leurs ont été préparées tout près de là. Chacun regagne son cantonnement respectif tristement comme un homme ivres.
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